Jean-Jacques Albors

Dans les années 80, dans les différentes églises évangéliques, la recommandation était que chacun donne selon son cœur dans la discrétion, je n'aurais même pas imaginé le faire avec une carte bleue ou par chèque !

Dans cette étude, mon objectif est de démontrer que les arguments concernant l'obligation de la dîme n'a aucun fondement scripturaire quand on considère le Nouveau Testament, c'est-à-dire l'enseignement de Jésus et des apôtres.

Les partisans de cette doctrine économique trouvent beaucoup de « matériaux bibliques » seulement dans l'Ancien Testament, quand une doctrine nous arrangent on se réfère à ces livres, et quand on veut justifier l'abolition du shabbat, de la circoncision et des lois alimentaires, alors on se référent uniquement au Nouveau Testament.

Le Rabbi Nahman de Bratslav disait : le culte de l'argent, comme le culte de l'idole, vient d'un manque de confiance en Dieu. Plus on éradique ce culte et plus le monde rayonne de la grâce et de l'amour du divin.

Voyez-vous l'appétit de l'argent, c'est comme le sel, qui donne plus de goût aux aliments ; mais le problème, c'est quand on boit trop d'eau salée, la soif augmente.
Il y a des personnes dans le ministère qui sont tellement tributaires de l'argent qu'il est difficile de leur démontrer que cela est mal, pourquoi ?

Pour eux, je dénigre la foi, car la richesse est un signe important de leur foi, une preuve de la bénédiction de Dieu. En plus, l'argent corrompt l'esprit, si le Messie Yéchoua était rentré dans Jérusalem sur un magnifique carrosse et non sur un âne, chaque serviteur riche aujourd’hui penserait être le Messie.

Rabbi Tsadok disait : « Ne fais pas de la Torah une pioche pour creuser », cela signifie de ne pas la considérer comme un moyen de subsistance, des prédicateurs estiment qu'ils ont des droits sur les personnes de leur église, pour les itinérants, sur tous ceux qui les écoutes, ils ont transformé leur tutelle de la bible en taxe réglementée, et ils en vivent bien.

Des croyants pensent avec une parfaite crédulité que c'est un devoir et une nécessité d'aider les enseignants de la bible , parce que l'étude est leur travail , les écrits du Nouveau Testament ne valide pas cela , jamais on voie les apôtres recueillir des aumônes pour eux même, ils étaient juifs et ils savaient qu’un ancien sage, Hillel grand-maître de la Torah était bûcheron de métier, les maîtres Tannaïm disaient à leurs élèves : « Étudier la Torah, c'est bien, mais y associer un travail manuel, c'est mieux ».

Ses sages maîtres craignaient que leurs disciples pensent qu'étudier et enseigné la Torah était une profession comme une autre qui sert à nourrir son homme.
L'apôtre Paul savait cela, c'est pourquoi il n'a jamais totalement cessé de travailler, et il avait justement un travail manuel, «artisan, fabrication de tente ».

Elisée, prophète itinérant ne reçoit pas d'argent des hommes ; et il n'en demandait pas, il se contentait d'accepter les marques d'honneur qu'on lui témoignait, lorsqu'il voyageait, on lui offrait l'hospitalité, il logeait et mangeait chez son hôte une nuit ou un jour, puis reprenait son chemin.
« Il arriva, un jour, qu'Elisée se rendit à Sunâm. Là vivait une femme de distinction, qui le pressa de manger chez elle. Depuis, chaque fois qu'il passait par cette ville, c'est là qu'il entrait pour manger. » (2 Rois 4 :8)

Je ne suis pas opposé à ce qu'un ministère local perçoive une rémunération, car s'il est effectivement investi d'une responsabilité spirituelle, il peut être également un père de famille qui doit pourvoir aux besoins des siens, « un salaire oui, s'enrichir non » !....

Un des grands dangers de l'argent pour tous serviteurs de Dieu, c'est qu'il peut se montrer hypocrite envers ses donateurs et mêmes envers les injustes, afin qu'ils lui donnent. Cela concerne surtout ceux qui aiment les grands rassemblements, la bible dit :

Qui poursuit le lucre ruine sa maison ; qui hait les présents vivra. (Proverbes 15 :27)

Que dit la Bible au sujet de la dîme (maaser en hébreu), surtout l'Ancien-Testament.

(Je vous informe que j'utilise la version intégrale massorétique Hébreux-Français), je remarque que ceux qui enseignent la dîme tentent de prouver qu'elle est une exigence bien avant la loi de Moïse.

L'épisode Melchisédech de Genèse 14 :18-20.

Melchisédec, roi de Salem, apporta du pain et du vin : il était prêtre du Dieu suprême. Il le bénit, en disant : 'Béni soit Abram de par le Dieu suprême, auteur des cieux et de la terre ! Et béni le Dieu suprême d'avoir livré tes ennemis en ta main ! »
Et Abram lui donna la dîme de tout butin.

Il est malvenu de faire de la dîme une obligation sur un événement unique , de plus s'est une initiative volontaire d'Abram .

La bible nous informe que la dîme (les produits agricoles, (et non l'argent) était chose sainte pour Dieu : toute dîme de la terre, prélevée sur la semence du sol ou sur le fruit des arbres, appartient à l'Eternel : elle lui est consacrée. (Lévitique 27 :30).

Ces règlements concernant la dîme s'appliquaient seulement aux récoltes faites en terre Israël !
Le paysan devait donner une « teroumah » (un don ou une contribution) aux prêtres : « afin qu'elles appartiennent à Aaron et à ses fils comme redevance constante de la part des Israélites, car c'est une chose prélevée ; ce sera l'offrande que les Israélites auront à prélever, sur leurs sacrifices rémunératoires, en l'honneur de l'Eternel. (Exode 29 :28).

L'Eternel parla encore ainsi à Aaron : « Moi-même aussi, je te confie le soin de mes offrandes prélevées sur toutes les choses saintes des enfants d'Israël, je les assigne, par prérogative, à toi et à tes fils, comme revenue perpétuel. (Nombres 18 :8)

Remarque :

Lorsque le tabernacle fut construit, Aaron et ses fils instaurèrent une prêtrise héréditaire, lui-même assumant la charge et la dignité de grand-prêtre d'Israël, (voir le chapitre 8 du lévitique).

Les kohanims, (prêtres) constituait une subdivision au sein des lévites : ce sont des descendants mâles, en ligne directe, du grand-prêtre Aaron qui appartenait à la tribu de Lévi.

Précision : les Lévites, à la différence des autres tributs, ne possédaient pas de terre, ils vivaient dans des cités et la dîme leur permettait de subsister et de se consacrer à leur fonction première. (Pour en savoir plus lire dans le traité Maasérot de la Michnah et du talmud de Jérusalem (appelé Maaser richon dans la Tossefta).

Vous l'avez certainement remarqué, j'écris à l'imparfait, pourquoi ? Parce que depuis la destruction du temple en l'an 70, il n'y a plus de prêtrises, néanmoins les Juifs d'aujourd'hui pratique la « teroumah, (don ou contribution)», aujourd'hui le dixième de leurs revenus est réserver aux œuvres de charité, cette précision est importante.

Dans le monde religieux évangélique, la dîme sert pour des projets immobiliers, les salaires, l'achat de voitures, les frais de téléphone pour les serviteurs, a cela s'ajoute les charges salariales, les charges des bâtiments, et cela seulement pour des serviteurs locaux !
Pour les itinérants, le pasteur Dawlin dans son article « les prophètes de l'Évangile de la prospérité » dit que trois des plus important télé-évangélistes reçoivent 100 millions, 110 millions et 130 millions de dollars par an chacun à travers leurs « efforts d'évangélisation ».
Ils conduisent des Rolls-Royce, possèdent des maisons coûtant des millions de dollars et voyagent dans leurs jets privés.
Comment des hommes qui se consacrent au service de Dieu (donc des autres), peuvent-ils vivres comme des « Rocks Stars » ?

Ce qui est grave c'est qu'ils instrumentalisent la bible et leurs auditoires, ils se justifient, en enseignant la doctrine de la dîme pour leur compte personnel, les pauvres ils s'en moquent, plus grave ils les culpabilisent sans états d'âme.

L'apôtre Paul dira aux Corinthiens16 : 2 : chaque premier jour de la semaine, que chacun de vous mette à part chez soi, et rassemble ce qu'il pourra, selon sa prospérité, afin qu'on n'attende pas que je sois arrivé pour faire les collectes.

D'après le contexte de ce texte, les futurs bénéficiaires seront très certainement des membres de la communauté au loin ayant des besoins exceptionnels, mais certainement pas pour les apôtres eux-mêmes !
En voici une preuve évidente : nous vous faisons connaître, frère, la grâce de Dieu qui s'est manifestée dans les églises de la macédoine. A travers la grande épreuve de leurs afflictions, leur joie débordante et leur pauvreté profonde ont produit avec abondance de riches libéralités de leur part. Ils ont, je l'atteste, donné volontairement selon leur moyen, et même au-delà de leur moyen. (2 Corinthiens 8 :1-3.)

L'apôtre parle de libéralité et non d'obligation n'en déplaise aux partisans de la dîme, Jésus avait beaucoup d'affinité avec les pauvres, il dira :

Mais, quand tu feras un festin, convies les pauvres, les impotents, les boiteux et les aveugles ; et tu seras heureux de ce qu'ils ne peuvent te le rendre ; car tu en recevras la récompense à la résurrection des justes. (Luc 14 :13-14).

De mêmes Jésus valorisent l'offrande d'une pauvre veuve (deux pites), c'est-à-dire la plus petite pièce de monnaie, équivalente à la moitié d'un centime or ou bronze, appelé également « quadrain » (Marc 12 :42).

Comme nous le voyons, cette doctrine de la dîme est basée sur de vagues interprétations de passages bibliques en majorité dans l'Ancien Testament, ils font d'un cas exceptionnel  et unique (Abram) une généralité .

Autres textes mal interprétés.

Non, c’est de l’Eternel ton Dieu, que tu dois te souvenir, car c’est lui qui t’aura donné le moyen d’arriver à cette prospérité, voulant accomplir l’alliance jurée à tes pères, comme il le fera à cette époque. (Deutéronome 8 :18)

Moise s'adresse au peuple hébreu, ce passage ne concerne que ce peuple.

Bien-aimé, je souhaite qu'à tous égards, tu prospères et sois en bonne santé, comme ton âme est en prospérité. (3Jean :2)

Le terme prospérité est-il en rapport direct avec l'argent ? 

Chacun peut se faire sa propre opinion, pour W. E. Vine (ou Williams Edwy Vigne 1873-1949), anglais bibliciste, théologien et écrivain rendu célèbre pour son dictionnaire explicatif Anglais Grec du Nouveau Testament dira :

«  Qu’il s’agit de prospérité physique et de santé spirituelle. »
 

Autres versets des partisans de la dîme :

Apportez toutes les dîmes dans le lieu du dépôt, pour qu’il y ait des provisions dans ma maison, et attendez-moi à cette épreuve dit l’Eternel-Cebaot : (vous verrez) si je n’ouvre pas en votre faveur les cataractes du ciel, si je ne répands pas sur vous la bénédiction au-delà de toute mesure.  (Malachie 3 :10)

Pour bien comprendre ce passage, il faut savoir que les lévites bénéficiaires de la dîme devaient à leurs tours verset la dîme de la dîme aux sacrificateurs, cette réprimande les concerne et non le peuple :

Apportez pour les prêtres, dans les salles de la maison de notre Dieu. La première part de nos pâtes et nos prélèvements de fruits de tous les arbres du moût et de l’huile, ainsi que la dîme de notre sol pour les lévites. Et ce sont ces mêmes Lévites qui devront recueillir la dîme dans toutes nos villes agricoles. (Néhémie 10 :38)

Il ne s'agit certainement pas de l'église locale, « salles de la maison de notre Dieu » et encore moins de la poche des responsables spirituels.!

Et pour finir le peuple hébreu devait donner une dîme spéciale à l'intention des pauvres, des orphelins et des veuves :

A la fin de la troisième année, tu extrairas la dîme entière de tes produits de cette année et tu la déposeras dans tes murs. Pour que le lévite, qui n’a  point de part ni de patrimoine comme toi, l’étranger, l’orphelin et la veuve qui sont dans tes murs, puissent venir manger et se rassasier ; de la sorte, l’Eternel, ton Dieu, te bénira en toute œuvre que ta main pourra faire. (Deutéronome 14 :28-29).


Que dit Jésus sur la dîme ?

Mais malheur à vous, pharisiens, qui payez la dîme de la menthe, de la rue et de toutes sortes d'herbes, tandis que vous négligez la justice et l'amour de Dieu. Ceux sont là les choses qu'il fallait faire, sans négliger les autres. (Luc11 :42).

Encore une fois, ce verset ne parle pas d'argent, dire que la dernière phrase, « ceux sont là les choses qu'il fallait faire, sans négliger les autres » signifie que les chrétiens d'aujourd'hui doivent s'acquitter de la dîme, c'est faire dire à Jésus ce qu'il n'a jamais dit !

Conclusion.

En ce qui concerne la dîme (argent) dans les églises, la bible n'enseigne rien, ce sont des serviteurs opportunistes qui l'enseignent, cette instrumentalisation des textes bibliques, le recourt à l'Ancien Testament, c'est leur méthode pour nous « tondre » plus facilement.

D'après les textes de Matthieu 23:23-26, Jésus admet que la dîme fait partie de la Torah, mais encore une fois il ne s'agit pas d'argent ,par contre Jésus parle de choses importantes qu'il ne faut pas négligées , la justice,la miséricorde et la fidélité.

Ole Antony enquêteur Américain sur les activités financières et les détournements présumés des télévangélistes dit :

"En raison de leur célébrité et de leur argent, ils commencent à croire qu'ils sont des êtres particuliers. Si vous écoutez leur programme, c'est comme s'ils avaient eux-mêmes une discussion personnelle avec Dieu 8 à 10 heures par jour.

"Quiconque fait la charité dans la discrétion est plus grand que Moïse lui-même".( Baba Bathra 9 a ) .

Jésus nous a avertis, « un peu de levain fait lever toute la pâte », et je constate que cet enseignement insidieux venue des Etats-Unis gagne des adeptes dans les églises évangéliques de France, ces doctrines : « L'Evangile de la Prospérité », « la Dîme » ou la « Semence de la foi » est une source de revenus facile pour beaucoup de prédicateurs auto-proclamés.

Soyez vigilent.

Jean Jacques Albors